« On veut s’adresser à la fois aux personnes qui sont un peu perdues par rapport au numérique, tout comme à un public plus expérimenté avec des activités plus pointues. »
Interview organisateurs La Semaine Numérique 2020 / Média Animation et PointCulture from Média Animation asbl on Vimeo.
Paul de Theux, de Média Animation, et Tony de Vuyst, de PointCulture, sont les organisateurs de La Semaine Numérique.
Pourquoi La Semaine Numérique a mis le thème de l’empreinte environnementale du numérique en avant cette année ?
Paul de Theux, Média Animation
Dans la foulée des manifestations des jeunes, dans le contexte de l’urgence climatique, il était important qu’on puisse aborder cette question avec des experts, car le numérique ne cesse de progresser et donc son impact écologique ne cesse de s’aggraver également.
Vous préparez cette thématique depuis des mois ; y a-t-il des aspects qui vous ont plus interpellé que d’autres ?
Tony de Vuyst, PointCulture
On se rend bien compte qu’on est dans un monde qu’on est en train de démolir et que la consommation énergétique colossale du numérique interpelle. A titre personnel, j’ai appris que de petits gestes du quotidien avaient un impact : ne pas faire des copies de mails à tout le monde systématiquement. C’est idiot, mais on a passé la consigne à tout le personnel de PointCulture.
On ne peut plus agir de la même façon une fois qu’on est informé sur la question ?
Paul de Theux
Cela amène à réfléchir. Ce qui m’a particulièrement frappé, c’est que 75% de la pollution numérique est engendrée au moment de la fabrication des appareils. Un ordinateur portable de 3 kilos, c’est une tonne de matière première qui est mobilisée pour le fabriquer et 200 kilos de gaz à effet de serre. Et donc l’idée c’est d’utiliser au mieux les outils, d’en prolonger la vie au maximum, et quand ils ne correspondent plus à nos besoins, les remettre dans le circuit des appareils de seconde main.
Tony de Vuyst
Il y aura un webinaire sur les smartphones, et cela m’intéresse, car en effet j’ai ouvert mes tiroirs et j’ai trois vieux smartphones qui ne servent plus. Pourquoi ne pas les recycler ou les remettre à une société qui va les remettre en état et les revendre ? Il y a aussi une activité sur les objets connectés qui m’intéresse beaucoup, le simple fait de connaître leur composition est interpellante.
Cette année, malgré le Covid, il y a 180 activités inscrites à l’agenda de la Semaine Numérique qui continue de fédérer les initiatives locales ?
Paul de Theux
Oui tout à fait. D’ailleurs certaines activités se font en ligne, ce qui facilitera encore l’accès à ces activités. Il faut bien voir que La Semaine Numérique met une thématique en avant, mais qu’elle englobe aussi d’autres activités tant qu’elles sont gratuites et dans l’esprit d’éducation et de sensibilisation que nous recherchons. Néanmoins plus de 10% des activités concernent le clic écologique : cela montre bien que les organisateurs considèrent que le sujet est important et s’y sont investis. On peut trouver facilement une activité près de chez soi.
Ce qui est étonnant, c’est la diversité des opérateurs publics ou associatifs qui participent à cette opération.
Tony de Vuyst
C’est vrai, et cela rejoint pleinement notre mission à PointCulture et à Média Animation, de mettre en relation le secteur associatif. Indépendamment des réseaux biens connus comme les Espaces Publics Numériques, il y a beaucoup d’associations qui participent très activement et qui adaptent leur programme pour répondre à l’impulsion qu’on lance chaque année en début d’année.
Pourquoi Média Animation et PointCulture ont pris en charge l’organisation de La Semaine Numérique ?
Paul de Theux
Cela fait longtemps que nous travaillons dans l’éducation aux médias. Et les médias aujourd’hui se sont digitalisés massivement. L’environnement médiatique et l’environnement numérique sont totalement interpénétrés, c’est pour cette raison que nous avons voulu reprendre cette opération qui avait été menacée un moment de disparition car les enjeux sont importants. On veut s’adresser à la fois aux personnes qui sont un peu perdues par rapport au numérique, tout comme à un public plus expérimenté avec des activités plus pointues.
Tony de Vuyst
Historiquement, nous avons été confrontés de plein fouet et très vite à la transition numérique dans nos anciennes médiathèques. Ces problématiques nous ont interpellé et il était naturel que nous soutenions l’organisation d’une opération de sensibilisation du grand public à tous les aspects du numérique.